Appel à communications “Critiques et contournements des contrôles et de la surveillance sur Internet”

 

Appel à communications

 

Colloque international 

 

“Critiques et contournements des contrôles et de la surveillance sur Internet”

 

Le 31 mars et 1er avril 2022

 

Paris, France

 

Depuis quelques années, le devenir des libertés numériques est au cœur de l’actualité, qu’il s’agisse de contextes autoritaires ou “illibéraux” mais aussi des démocraties libérales. Au sein de la plupart des pays, des tensions grandissent à mesure que s'affirment d’une part des aspirations globalisées à pouvoir jouir d’un certain nombre de libertés numériques relevant de  la liberté d’expression et d’association, et d’autre part des politiques d’encadrement national d’Internet. Celles-ci sont officiellement justifiées par des motifs de sécurité sur les réseaux numériques, par des stratégies commerciales d’entreprises privées, par des arguments de modernisation des appareils étatiques ainsi que par des revendications d’autonomie et d’indépendance des Internet nationaux, le plus souvent étiquetés sous l’appellation “souveraineté numérique”. Les internautes font face à des situations à première vue paradoxales comme le développement du web (et l'explosion des contenus en ligne), d’un côté, et le renforcement d’un rapport de force de plus en plus défavorable aux libertés publiques de l’autre. Dans ce contexte, le colloque s’intéresse aux résistances et aux adaptations des internautes aux nouvelles régulations nationales et internationales, publiques et privées, du web et d’Internet. Des territoires géographiques et numériques dans le monde apparaissent en effet comme des “laboratoires” de pratiques et de techniques de résistances numériques, lesquelles sont mises en circulation par des échanges interpersonnels en ligne, mais aussi à travers des formations, des colloques, des forums. Ces circulations sont particulièrement activées au moment des conflits et des soulèvements (comme de nombreux travaux l’ont montré au sujet des révolutions arabes, des conflits en Biélorussie, au Liban, à Hong Kong, ou en Egypte). Ce colloque a l’ambition de contribuer, à partir de différents cas, pays et régions, aux réflexions sur les reconfigurations du politique à l’épreuve des techniques de la communication dans le monde contemporain.

 

Ce colloque accueillera des communications sur les questions suivantes:

  1. Analyses, à partir d’études de cas, la nature des répressions et des contraintes. Ces dernières  font intervenir toute une gamme d’acteurs et de pratiques, institutionnelles, mais également privées et extrajudiciaires de maintien de l'ordre et d'exercice de la justice (vigilantisme).

  2. Les résistances et les arts du contournement développés par des professionnels d’Internet (hackers, fournisseurs d’accès, ingénieurs, experts…) face aux nouvelles régulations juridiques et techniques de l’Internet. Les contributions dans cet axe permettront d’examiner les innovations techniques et les usages hétérodoxes d’Internet et de ses infrastructures matérielles permettant de contourner ou de lutter contre les contraintes institutionnelles.

  3. Les pratiques et les techniques, et notamment l’appropriation des outils de contournement, leur usage et leur promotion par des usagers d’Internet (journalistes, éditeurs, entrepreneurs du numérique, militants, citoyens...) face aux répressions. On s’intéressera notamment aux lieux où ces techniques et outils sont transmis : groupes en ligne, formations, manuels, événements de type hackathon ou conférences. Il s'agit ici d’analyser comment ces acteurs s’emparent des dispositifs et techniques de contournement sur Internet pour trouver des compromis originaux, permettant de résister à la contrainte tout en restant présents et actifs dans l’espace public. 

  4. Les usages du droit dans le domaine numérique, les manières de parler du droit et de se le représenter ainsi que les luttes judiciaires dans le domaine des libertés numériques. Les communications relatives à cet axe pourront aborder d’une part la problématique de la conception de nouvelles règles de droit visant à renforcer ladite “souveraineté numérique” de l’Etat, et décrire, d’autre part, les épreuves que les personnes ont à traverser dans les dispositifs judiciaires lorsqu’elles font l’objet de poursuites en justice pour leurs activités en ligne ou lancent à leur tour des procès contre l’État. Les cas de détournement ou d’usage créatif des lois relatives au numérique (exploitation créative du vide juridique et autres exemples de rapports dynamiques entre le code et la loi) peuvent également faire l’objet de communication.

  5. Les stratégies d’échappement par l’exil aux nouvelles coercitions en ligne. Cet axe porte sur les stratégies des professionnels du web (hackers, personnel technique des ONG et des partis d'opposition) et des acteurs de l’espace public (journalistes, éditeurs, militants...) choisissant de quitter leur pays pour développer des pratiques numériques depuis l’étranger, ainsi que sur la migration des infrastructures du net (délocalisation des serveurs par exemple).

Ce colloque s’inscrit dans une perspective pluridisciplinaire (sociologie, sciences studies, sciences politiques, géographie, anthropologie, droit) et portera une attention particulière aux démarches empiriques et aux méthodologies innovantes et hybrides.

 

Dates clé

31 mai: Diffusion de l’appel 

Jusqu’au 1er septembre 2021: Envoi à l’adresse resistic@sciencesconf.org des propositions de communication en français ou en anglais, incluant un titre, un résumé d’environ 500 mots, 5 à 10 mots clés, des références bibliographiques clé, nom et prénom de l’auteur-e ou des auteurs, leurs fonction et institutions, courriels et adresses de l’institution d’appartenance

30 septembre 2021: Date de notification d’acceptation ou de refus des communications

Jusqu’au 15 février 2022: Envoi des textes complets (5000 à 8000 mots)

31 mars et 1er avril 2022: Colloque international à Paris

 

References / Bibliographie

Deibert, R. J. (2013), Black Code. Surveillance, Privacy, and the Dark Side of the Internet (expanded ed.). Toronto: Signal

Friedewald, M., Burgess, J. P., Čas, J., Bellanova, R., & Peissl, W. (dir.) (2017), Surveillance, Privacy and Security. Citizens Perspectives, London and New York: Routledge

Isin, E. F., & Ruppert, E. (2015), Being Digital Citizens, London and New York: Rowman & Littlefield

Kohl, U. (dir.) (2017), The Net and the Nation State. Multidisciplinary Perspectives on Internet Governance, Cambridge and New York: Cambridge University Press

Liang, F., Das, V., Kostyuk, N., & Hussain, M. M. (2018), “Constructing a data‐driven society: China’s social credit system as a state surveillance infrastructure”, Policy & Internet 10(4), p. 415-453

Milan, S., 2013, Social Movements and Their Technologies: Wiring Social Change, Londres, Palgrave Macmillan

Mueller, M. (2017), Will the Internet Fragment? Sovereignty, Globalization, and Cyberspace, Cambridge and Malden, MA: Polity Press

Soldatov, A., & Borogan, I. (2015), The Red Web. The Kremlin’s Wars on the Internet, New York: PublicAffairs

Tesquet, O. (2020), À la trace. Enquête sur les nouveaux territoires de la surveillance, Paris: Premier Parallèle

Tufekci, Z. (2017), Twitter and Tear Gas: The Power and Fragility of Networked Protest, New Haven, Yale University Press

Committees

Organizing committee : The ResisTIC project team

Olga Bronnikova (University Grenoble Alpes, ICLEA4/CESC)

Françoise Daucé (School of Advanced Studies in the Social Sciences, EHESS)

Ksenia Ermoshina (Centre for Internet and Society, CNRS)

Valery Kossov (University Grenoble Alpes, ICLEA4/CESC)

Benjamin Loveluck (i3-SES, Telecom Paris, IP Paris)

Francesca Musiani (Centre for Internet and Society, CNRS)

Bella Ostromooukhova (Eur’Orbem, Sorbonne Université)

Perrine Poupin (Eur'Orbem, Sorbonne Université)

Anna Zaytseva (University Toulouse Jean Jaurès, LLA Creatis)

 

Scientific committee

Mahsa Alimardani (Oxford Internet Institute, University of Oxford, United Kingdom)

Séverine Arsène (SciencesPo Medialab and The Chinese University of Hong Kong, China)

Gabriele Balbi (Università della Svizzera Italiana, Switzerland)

Luca Belli (FGV Law School, Rio de Janeiro, Brazil)

Stanislas Budnitsky (Indiana University-Bloomington, United States)

Polina Kolozaridi (Higher School of Economics Moscow, Russian Federation)

Marcus Michaelsen (Vrije Universiteit Brussel, Belgium)

Stefania Milan (University of Amsterdam, The Netherlands)

Félix Tréguer (CERI, SciencesPo, France)

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